Critique de la société et protestation

Base de données et méthodologie

L’analyse se base sur 35 interviews qualitatives (« PZI- interviews centrées sur les problèmes ») avec des jeunes engagés issus de groupes politiques très différents orientés vers la gauche, principalement dans les grandes villes et les agglomérations des nouveaux et anciens Länder.

Résultats

Qui sont les jeunes engagés et proches de la gauche et que souhaitent-ils ?

« J’aimerais, pour moi-même et pour tous les êtres humains, un gain de […] de liberté, de détermination sur ce qui doit se passer […] ; comment je veux organiser ma vie, comment nous voulons organiser notre vie ou notre vie commune ? » (Extrait d’entretien tiré de Hillebrand et al., Politisches Engagement, 5. 86).

• Dans le cadre de l’étude, il n’a pas été possible de caractériser une identité collective homogène ou un cadre d’action concret. Au contraire, les personnes interrogées se différenciaient fortement dans leurs opinions et leurs formes d’action. Il est également apparu clairement que les orientations politiques ne sont pas figées, mais soumises à un processus permanent de réflexion et de changement.
• Toutes les personnes interrogées ont en commun une perspective critique sur la société. Un point de référence central est l’injustice, comprise comme la répartition inégale des ressources et des chances. L’économisation de tous les domaines de la vie et la gestion insuffisante des crises sociales sont également mentionnées. Le cadre d’interprétation général est souvent le capitalisme, qui a un effet structurant sur tous les domaines de la société.
• Les jeunes interrogés se montrent très favorables à la démocratie en tant que principe d’organisation politique, mais expriment une forte insatisfaction quant à l’action réelle et aux structures des institutions politiques, auxquelles ils n’attribuent qu’une faible intégrité.
• Cette critique s’accompagne de la conviction que les phénomènes de crise peuvent être modifiés. La justice sociale, une meilleure participation, la tolérance envers les minorités, la suppression des hiérarchies et l’abandon des principes capitalistes sont des objectifs qui sous-tendent l’engagement des personnes interrogées. Le changement à long terme des modèles de pensée et des valeurs de la société est considéré comme une condition préalable, de sorte qu’une grande partie des formes d’action telles que les flashmobs, les ateliers et les conférences visent à informer et à politiser la population.
• Pour les jeunes interrogés, outre les offres d’éducation politique alternative, les formes d’action directe jouent un rôle décisif. En font partie des actions telles que les blocages, les occupations, les offres d’entraide et les formes de cohabitation alternative.

L’évolution biographique de l’engagement

« La famille m’a amené à remettre en question les choses de manière critique et m’a donné plus de formation, plus de textes et ainsi de suite que l’école » (extrait de l’interview de Hillebrand et al, Politisches Engagement, 5. 131).

• Dans cette étude, l’engagement semble être une condition préalable très importante. Il suppose certaines ressources et compétences ainsi que l’intégration dans des réseaux appropriés.
• Le foyer parental joue un rôle important dans l’entrée dans l’engagement. C’est là que l’on transmet un intérêt fondamental pour les processus politiques et sociaux ainsi que l’importance des valeurs démocratiques et de la participation correspondante. En revanche, l’école transmet certes des connaissances politiques, mais n’est pas perçue par les personnes interrogées comme un environnement propice à une participation politique active.
• Les médias (sociaux) et les contacts personnels (groupes de pairs et scènes) d’une part, et les événements clés de la vie des personnes interrogées d’autre part, se sont avérés être des points d’entrée pour un engagement. Par ailleurs, il existait également des voies de progression lente de l’engagement, qui commence par exemple dans le domaine scolaire et gagne en dynamisme grâce à l’expérience d’une certaine efficacité de ses propres actions.
• Pour les personnes interrogées, l’engagement représente dans de nombreux cas une expérience qui influence toute leur personnalité et leur parcours de vie à long terme. La pensée et l’action politiques ainsi qu’un sentiment accru d’efficacité personnelle deviennent souvent partie intégrante du parcours de vie. Mais l’engagement influence également le mode de vie : dans certains cas, il entraîne un allongement de la durée des études ou un sentiment d’épuisement dû à une charge temporelle élevée.